Cinquième et ultime épisode d’Imagine la jeunesse en 2025, la rencontre de Fourchambault a marqué les esprits par la succession de prises de parole façon « pitch » de jeunes déroulant avec brio leurs projets, leurs envies et leurs engagements. Une énergie communicative, qui appelle la confiance et le respect des aînés, et augure de beaux lendemains pour la Nièvre.
Avec une facilité déconcertante, ils promènent leur vélo sur la roue arrière autour de la Maison du peuple, à Fourchambault, en attendant que débute la réunion citoyenne d’Imagine la jeunesse. Difficile de deviner, pour les adultes en approche, que ces ados décontractés qui circulent nonchalamment autour d’eux feront partie des « héros » de la soirée.
Et pourtant, quelques minutes plus tard, vélos remisés en sécurité à proximité, Mathis, Kenzo et Kylian font partie des premiers à prendre la parole, à peine stressés par la centaine de paires d’yeux braqués sur eux, pour présenter leur association : « Nevers Backlife, un regroupement de vélos où on fait des roues (sic). C’est un sport qui n’est pas reconnu comme un sport, et qui est beaucoup critiqué. On fait des roues sur la route parce qu’on n’a pas de lieu pour le faire, ou sur le parking de la gare de Fourchambault. Ça se passe plutôt bien. Mais on aimerait avoir un local ou un lieu privatisé, pour éviter les conflits avec les forces de l’ordre. »
Fièrement, le trio de copains étudiants en mécanique auto précise que leur mouvement fait tache d’huile : « On a fait des collaborations avec N10 Boutique (à Nevers), et des gens viennent de Paris, Saint-Étienne, Bourbon-Lancy, Luzy, Bourges, Montargis, Vichy, pour faire des roues avec nous. » Fourchambault capitale de la roue arrière après avoir été celle de la Vespa : la nouvelle, inattendue, lance sur les chapeaux de roue une soirée stimulante en mode « projets », où les jeunes ne se font pas prier pour parler mais brûlent, au contraire, de communiquer sur leurs initiatives.
Ainsi Andrew, originaire de la commune, prend le micro pour faire la promo du festival en gestation au Local jeunes de Fourchambault : « On veut organiser un festival de jeunes sur deux semaines, autour de la prévention du harcèlement, avec l’UNICEF, et de la recherche d’emploi. Ça sera pour les 11-30 ans, avec des forums différents par âge. » Épatée, Blandine Delaporte, première vice-présidente du Conseil départemental en charge du dialogue citoyen, se mue en intervieweuse : « Et ce sera quand, ce festival ? » Andrew : « La première semaine juste avant les vacances de Toussaint, en octobre, et un week-end pendant les vacances. » « Et ça s’appellera comment ? » « La Nièvre se la raconte. » « Excellent. »
Au tour de Samuel Akesse, champion de MMA (arts martiaux mixtes) de venir présenter son association et sa salle de sport, ouverte dans un ancien garage de Fourchambault en septembre 2024. Avec trois membres de l’association, le coach sportif, « seul diplômé en MMA dans la Nièvre », explique sa motivation à créer un lieu qui ne soit pas une énième salle où l’on sue : « J’ai envie de dynamiser la région, de donner aux jeunes l’envie de se lancer, et d’aider ceux qui en ont besoin à sortir du mal-être. Les Jeux olympiques ont montré que le sport n’était pas assez mis en avant en France, et encore moins dans la région. On a ouvert le club avec les moyens du bord, c’est spartiate, rustique. C’est ouvert aux jeunes, et à tout le monde. J’allais beaucoup m’entraîner à Paris, dans le sud, et quand je parlais de Fourchambault, on me répondait « c’est quoi ? » (rires). Je voudrais que des stars viennent donner des cours dans la Nièvre. » Un rêve à portée de son carnet d’adresses.
Brindille énergique, Yasmina lui succède pour parler du bac pro Conducteur transporteur routier de marchandises (CTRM) qu’elle prépare au lycée Pierre-Bérégovoy, à Nevers. La jeune fille de 15 ans, qui voudrait être « routier et foraine en alternance », confie son inquiétude sur l’avenir de sa formation : « Notre classe se perd (sic), le domaine n’évolue pas. Pour faire des stages, il faut aller loin, on est obligé de partir à « Perpète les Lorette » (rires). Ce serait dommage que notre formation se perde, il faudrait qu’on essaie de se montrer plus dans la Nièvre, mais comparé aux formations de Chalon ou de Fréjus, on est tout petit. On a une ville très belle, avec sa cathédrale, ses paysages, la Nièvre est magnifique, et ce serait bien de faire venir des gens. »
Nassim, tiraillé par ses envies contradictoires d’être diplomate et de rester dans la Nièvre, ou Maxence, confiant son ambition de l’ascenseur social de son quartier « défavorisé » d’origine, la Grande-Pâture, vers une carrière en politique, ajoutent leurs témoignages à une palette de vécus et de regards qui s’élargit au fil de la soirée. Jusqu’à l’océan Indien. « Community manager » de la société D’or et d’épices, spécialisée dans la vente de produits de Madagascar sur les marchés de Fourchambault et de Nevers, une jeune femme présente l’entreprise, jeune elle aussi, qui veut s’ouvrir sur la ville et organiser des « événements pour faire danser les jeunes, les mamans » : « On est tous jeunes, je travaille avec deux frères malgaches. On est dans une ville calme, où on peut trouver son bonheur, mais il faut le créer. »
Pilier de la Bande des moins jeunes, le pompier volontaire Baptiste Rappeneau invite à prolonger la discussion après la réunion : « Beaucoup de projets ont été abordés ce soir, ça montre qu’il y a encore beaucoup de talents dans la Nièvre. Justement, à la Bande des moins jeunes, on est en train de recenser tous les projets associatifs pour voir comment on peut les accompagner. Alors n’hésitez pas, on est là pour vous aider, mais restez maîtres de votre projet, on ne le fera pas à votre place. Quand on veut obtenir des financements, on se bouge. Je l’ai fait quand j’étais au collège, à Lormes, on avait monté une association à 13 ans pour financer un voyage, puis un deuxième. Si j’ai un conseil à vous donner, c’est engagez-vous pour votre territoire, c’est comme ça qu’on va attirer du monde dans la Nièvre. »